Archives de catégorie : vidéo

Tit-Coq (1948) de Gratien Gélinas, de l’événement théâtral à la consécration littéraire

Dès sa création en 1948, Tit-Coq de Gratien Gélinas est reçu non seulement comme la «  première » pièce de son auteur, mais aussi comme l’acte de naissance du théâtre canadien-français. Or, la pièce elle-même, comme son auteur, tire profit d’une certaine tradition théâtrale, largement antérieure, qui se trouve ainsi reniée. Néanmoins au fil de la réception critique (dramatique et littéraire) s’imposera cette idée d’un acte fondateur qui, dans le contexte des débats esthétiques de l’époque, va favoriser pour la première fois l’intégration du théâtre et des textes dramatiques dans l’histoire littéraire.

Robert Bourassa et la culture, 1970-1976

Slogan électoral ou politique culturelle ? La souveraineté culturelle mise de l’avant par le premier ministre Robert Bourassa a suscité d’importants débats à caractère politique, social et culturel au cours des deux mandats du gouvernement libéral, de 1970 à 1976. Ce débat met à l’avant-scène différents acteurs : deux ministres du gouvernement Bourassa – Jean-Paul L’Allier aux Communications et Denis Hardy aux Affaires culturelles –, des membres de l’opposition à Québec, le ministre Gérard Pelletier au niveau fédéral et un regroupement issu de la société civile, le Tribunal de la culture, présidé par l’anthropologue Marcel Rioux. En relation avec ce débat se profile un élargissement de la notion même de culture qui ne se limite plus aux arts, aux lettres et au patrimoine. La recherche d’une politique culturelle pour le Québec est ainsi étroitement liée à l’affirmation d’une politique des communications, laquelle soulève des obstacles constitutionnels avec le gouvernement fédéral.

J’ai la mémoire qui tourne — Rituels, modernisation et fierté

« J’ai la mémoire qui tourne » est une série télévisée de 12 émissions, réparties en 3 saisons de 4 émissions chacune2. Il s’agit de documentaires de 46 minutes, réalisés à partir de « films de famille », c’est-à-dire tournés au sein de familles québécoises entre les années 1920 et 1980, recueillis et mis en forme par les Productions de la Ruelle, diffusés sur la chaine Historia de 2009 à 2011, et disponibles depuis lors sur Internet ainsi qu’en DVD.

Dans le communiqué de presse annonçant qu’elle venait de recevoir le prix Pierre-Burton du Gouverneur général en 2012, la série a été qualifiée d’emblématique. En 2009 elle a remporté le Grand Prix Boomerang (d’Infopresse), catégorie Site Média, ainsi que cinq nominations aux Prix Gémeaux en 2009. Elle a été, depuis le début, utilisée dans l’enseignement, tant au primaire, au secondaire qu’à l’université, et l’est encore. La première saison aurait retenu l’attention de 180 000 à 200 000 téléspectateurs « lors de sa première diffusion » à la chaine Historia3.

Cette visibilité et ce rayonnement ont piqué ma curiosité. Cette « mémoire qui tourne » est une mémoire visuelle. Une mémoire en images. Quelles sont ses lignes de force ? Comment se construit une mémoire collective à partir de films de famille ? Quelles images retient-on et comment les structure-t-on ? Quels commentaires accole-t-on à ces images ?

L’année terrible de P.-J.-O. Chauveau

Gilles Gallichan nous explique le coup d’État manqué contre P.-J.-O. Chauveau en décembre 1869.

En décembre 1869, un épisode peu connu s’est déroulé dans les coulisses de l’Assemblée législative à Québec. Il illustre la grande peur que certains Anglo-Protestants de cette époque entretenaient face à la majorité francophone. Le fragile gouvernement Chauveau a alors subi l’assaut d’un petit groupe de conservateurs anglo-montréalais qui souhaitaient prendre le contrôle de l’État québécois naissant et ramener la capitale de Québec à Montréal. George-Étienne Cartier et Pierre-Joseph-Olivier Chauveau sont parvenus à étouffer cette fronde et à rassurer l’opinion quant à l’avenir de la cité de Champlain comme capitale de la province de Québec.