Archives de catégorie : Société des Dix

Sur les traces de Jacques Rousseau

Par Yvan Lamonde | Blogue de la Société des Dix

L’exposition Riopelle. À la rencontre des territoires nordiques et des cultures autochtones présentée par le Musée des Beaux-Arts de Montréal (1er septembre 2020-12 septembre 2021), les décès récents de Serge Bouchard et de Josée Mailhot1 sont autant de rappels de la contribution québécoise à une prise de conscience artistique et savante de la réalité autochtone, après les apports de Rémi Savard et de la revue Recherches amérindiennes.

Les Cahiers des Dix recèlent un trésor d’études sur le sujet. Parmi eux se trouvent les 19 articles de Jacques Rousseau publiés entre 1951 et 1969 et dont la liste suit2.

Un regard nouveau et contemporain sur la contribution pionnière de Rousseau aux études sur les autochtones pourra bénéficier du riche fonds Jacques-Rousseau3, de la biographie et des travaux bibliographiques de Camille Laverdière, Pierre Couture et Nicole Carette4. Plusieurs publications de Rousseau sont disponibles en ligne et peuvent être téléchargées depuis la collection numérique du Jardin botanique de Montréal5.

Un ancien étudiant de l’Université Laval et professeur retraité d’histoire à l’Université de Calgary, Donald B. Smith6, a reconnu la place pionnière de Rousseau. Son étude fournit motivations et paramètres pour aller ailleurs et plus loin dans la connaissance et la mise en valeur d’un chercheur hors normes, plus grand que nature, oserait-on dire.

Contributions de Jacques Rousseau aux Cahier des Dix

Références

[1] Tous deux anthropologues, Serge Bouchard est décédé le 20 mai 2021 et José Mailhot, le 24 mai 2021. On peut relire, du premier, Récits de Mathieu Mestokosho, chasseur innu (Montréal, Boréal, 2004) et, de la seconde, Sushei au pays des Innus (Montréal, Mémoire d’encrier, 2021).

[2] Louis-Philippe Audet a rendu hommage au sociétaire des Dix dans « Jacques Rousseau », Les Cahiers des Dix, 35 (1970), p. 7-11.

[3] Université Laval, Division de la gestion des documents administratifs et des archives, Fonds P174; plus de 21 mètres de documents textuels et 6000 documents administratifs; répertoire numérique de 151 p.

[4] Pierre Couture et Camille Laverdière, Jacques Rousseau : la science des livres et des voyages, Montréal, Éditions XYZ, coll. « Les grandes figures », 2001; Camille Laverdière et Nicole Carette, Jacques Rousseau, 1905-1970. Bio-bibliographie, préface de Louis-Edmond Hamelin, Sainte-Foy, Les Presses de l’Université Laval, 1999, 392 p. (Extraits sur Google Livres)

[5] Jacques Rousseau. Paysages et autochtones du nord et d’ailleurs. Collections et archives de la bibliothèque du Jardin botanique de Montréal.

[6] Donald B. Smith, Seen but not seen : Influential Canadians and the First Nations from the 1840s to Today, Toronto, University of Toronto Press, 2021. On lira en particulier le chapitre 7, « Quebec viewpoints: From Lionel Groulx to Jacques Rousseau ».

Du théâtre en famille, les marchands et le théâtre de société

Lucie Robert explore dans son article la pratique du théâtre de société au Québec au cours du dernier tiers du XIXe siècle, à partir des créations et des réalisations de Félix-Gabriel Marchand et des membres de sa famille parmi lesquels se démarque sa fille Joséphine. Présentée d’abord à Saint-Jean, où réside la famille Marchand, cette forme de théâtre amateur rejoint bientôt un public plus large dans différentes villes du Québec ainsi qu’à Ottawa et trouve sa justification dans le soutien à des oeuvres de charité. Selon Lucie Robert, il y a lieu de réfléchir sur le rôle du théâtre de société dans la redéfinition de la sociabilité bourgeoise à la fin du XIXe siècle tout comme dans les rapports de parenté, comme le suggèrent les textes dramatiques, surtout des
proverbes, rédigés par les Marchand père et fille.

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Voix des esclaves autochtones et des esclavagistes

Dominique Deslandres a mis au jour un cas troublant : le procès intenté à un esclave autochtone nommé Constant, accusé d’intrusion dans la maison entièrement féminine de madame de Saint Pierre, une propriétaire d’esclaves habitant rue Notre-Dame, à Montréal en 1757.

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Dominique Deslandres poursuit ses recherches sur la culture judiciaire sous le régime français en explorant les riches archives de la juridiction royale de Montréal. L’enquête en cours révèle que la présence au tribunal du roi d’autochtones, libres ou asservis, est beaucoup plus consistante qu’on ne l’a dit jusqu’à présent. C’est ainsi qu’elle a mis au jour un cas troublant : le procès intenté à un esclave autochtone nommé Constant, accusé d’intrusion dans la maison entièrement féminine de madame de Saint Pierre, une propriétaire d’esclaves habitant rue Notre-Dame, à Montréal en 1757. Le présent article adopte la perspective de l’histoire intersectionnelle en examinant les dynamiques de pouvoir à l’oeuvre dans ce procès, mais aussi dans la maison où se produit le crime. D’une part, il montre comment s’articulent les logiques de domination liées à la race, au sexe et au statut social. D’autre part, grâce aux verbatim des interrogatoires et des témoignages, il donne à entendre les voix des protagonistes et tente de prendre la mesure de leur horizon d’action pensé et vécu (agentivité), à l’intérieur de l’institution servile qui caractérise la société coloniale.

Tit-Coq (1948) de Gratien Gélinas, de l’événement théâtral à la consécration littéraire

Dès sa création en 1948, Tit-Coq de Gratien Gélinas est reçu non seulement comme la «  première » pièce de son auteur, mais aussi comme l’acte de naissance du théâtre canadien-français. Or, la pièce elle-même, comme son auteur, tire profit d’une certaine tradition théâtrale, largement antérieure, qui se trouve ainsi reniée. Néanmoins au fil de la réception critique (dramatique et littéraire) s’imposera cette idée d’un acte fondateur qui, dans le contexte des débats esthétiques de l’époque, va favoriser pour la première fois l’intégration du théâtre et des textes dramatiques dans l’histoire littéraire.

Robert Bourassa et la culture, 1970-1976

Slogan électoral ou politique culturelle ? La souveraineté culturelle mise de l’avant par le premier ministre Robert Bourassa a suscité d’importants débats à caractère politique, social et culturel au cours des deux mandats du gouvernement libéral, de 1970 à 1976. Ce débat met à l’avant-scène différents acteurs : deux ministres du gouvernement Bourassa – Jean-Paul L’Allier aux Communications et Denis Hardy aux Affaires culturelles –, des membres de l’opposition à Québec, le ministre Gérard Pelletier au niveau fédéral et un regroupement issu de la société civile, le Tribunal de la culture, présidé par l’anthropologue Marcel Rioux. En relation avec ce débat se profile un élargissement de la notion même de culture qui ne se limite plus aux arts, aux lettres et au patrimoine. La recherche d’une politique culturelle pour le Québec est ainsi étroitement liée à l’affirmation d’une politique des communications, laquelle soulève des obstacles constitutionnels avec le gouvernement fédéral.