Slogan électoral ou politique culturelle ? La souveraineté culturelle mise de l’avant par le premier ministre Robert Bourassa a suscité d’importants débats à caractère politique, social et culturel au cours des deux mandats du gouvernement libéral, de 1970 à 1976. Ce débat met à l’avant-scène différents acteurs : deux ministres du gouvernement Bourassa – Jean-Paul L’Allier aux Communications et Denis Hardy aux Affaires culturelles –, des membres de l’opposition à Québec, le ministre Gérard Pelletier au niveau fédéral et un regroupement issu de la société civile, le Tribunal de la culture, présidé par l’anthropologue Marcel Rioux. En relation avec ce débat se profile un élargissement de la notion même de culture qui ne se limite plus aux arts, aux lettres et au patrimoine. La recherche d’une politique culturelle pour le Québec est ainsi étroitement liée à l’affirmation d’une politique des communications, laquelle soulève des obstacles constitutionnels avec le gouvernement fédéral.
Archives d’auteur : Pierre Fraser
Jeanne d’Arc au Nouveau-Monde
Jeanne d’Arc, la célèbre Pucelle d’Orléans, a connu un destin historique peu commun. Elle rejoint au panthéon les plus grandes figures de l’histoire française. Qui plus est, l’Église catholique, qui l’avait jadis condamnée, en a fait une sainte en 1920. Le Canada français a découvert Jeanne d’Arc au tournant du siècle par la presse, par une abondante littérature, par le théâtre et par les chansons. Le clergé catholique a fait d’elle un idéal patriotique. Dès lors, son image a été annexée au nationalisme et à la défense des droits linguistiques et religieux des Canadiens français. Le féminisme s’en est aussi emparé, le prénom « Jeanne-d’Arc » s’est popularisé et on lui a érigé des monuments et, dans les églises, on a offert ses statues à la dévotion populaire. Cet article évoque le passage de la figure johannique de la France vers l’Amérique francophone au XIXe et dans la première moitié du XXe siècle.

J’ai la mémoire qui tourne — Rituels, modernisation et fierté
« J’ai la mémoire qui tourne » est une série télévisée de 12 émissions, réparties en 3 saisons de 4 émissions chacune2. Il s’agit de documentaires de 46 minutes, réalisés à partir de « films de famille », c’est-à-dire tournés au sein de familles québécoises entre les années 1920 et 1980, recueillis et mis en forme par les Productions de la Ruelle, diffusés sur la chaine Historia de 2009 à 2011, et disponibles depuis lors sur Internet ainsi qu’en DVD.
Dans le communiqué de presse annonçant qu’elle venait de recevoir le prix Pierre-Burton du Gouverneur général en 2012, la série a été qualifiée d’emblématique. En 2009 elle a remporté le Grand Prix Boomerang (d’Infopresse), catégorie Site Média, ainsi que cinq nominations aux Prix Gémeaux en 2009. Elle a été, depuis le début, utilisée dans l’enseignement, tant au primaire, au secondaire qu’à l’université, et l’est encore. La première saison aurait retenu l’attention de 180 000 à 200 000 téléspectateurs « lors de sa première diffusion » à la chaine Historia3.
Cette visibilité et ce rayonnement ont piqué ma curiosité. Cette « mémoire qui tourne » est une mémoire visuelle. Une mémoire en images. Quelles sont ses lignes de force ? Comment se construit une mémoire collective à partir de films de famille ? Quelles images retient-on et comment les structure-t-on ? Quels commentaires accole-t-on à ces images ?
Autobiographie intellectuelle de Jean Simard

Jean Simard, membre émérite de la Société des Dix et qui en fut également le secrétaire de 1995 à 1999, vient de publier son autobiographie intellectuelle dans Rabaska Revue d’ethnologie de l’Amérique française (vol. 16, 2018, p. 135-183). Son texte est précédé d’un «Portrait» signé par l’ethnologue René Bouchard intitulé: «Jean Simard Le philosophe ethnologue».
Rappelons que Jean Simard, auteur de plusieurs ouvrages marquants en ethnologie du Québec, a publié huit articles dans Les Cahiers des Dix, la plupart en rapport avec l’ethnologie religieuse. On lui doit aussi « L’inventaire du Patrimoine a soixante-dix ans », (Les Cahiers des Dix, no 48 (1993), p. 201-224), un article qui fait le bilan d’un grand projet d’inventaire auquel il a été associé de 1969 à 1972 à l’Institut national de la civilisation, un organisme rattaché au ministère des Affaires culturelles. Jean Simard devient professeur d’ethnologie à l’Université Laval en 1972.
Voir aussi : Jean Simard, membre émérite de la Société des Dix.